Remarques sur les analyses de l'Institut Pasteur
Sur le plan général, la mention EAU POTABLE, signifie que les résultats de l'analyse, sont conformes aux normes officielles, pour les paramètres étudiés. Cela ne signifie pas que l'eau est inoffensive. C'est ainsi, qu'en 1993 au Millwaukee aux Etats Unis, il y a eu 400.000 intoxications par une eau conforme aux normes de potabilité.
Sur le plan chimique, cinq anomalies graves :
› Absence de recherche du chlore et de ses dérivés, alors que l'eau est traitée par chloration ;
› Absence de recherche de pesticides, alors que l'eau est captée dans une zone bananière où les pesticides sont utilisés massivement, depuis des décennies ;
› Absence de recherche d'hydrocarbures, alors qu'il y a eu une importante pollution aux hydrocarbures du sous-sol et de la nappe phréatique de la Désirade ;
› Absence de recherche d'amiante, alors qu'un grand nombre des conduites de l'eau, en Guadeloupe, sont en ciment-amiante ;
› Absence de recherche de métaux, en dehors d'une analyse faite par le Laboratoire de la Ville de Paris, début juillet 1996, où huit métaux ont été recherchés sur vingt quatre possibles. Cette analyse a été faite, en dehors de la période épidémique.
Il est bien connu que tous ces éléments sont toxiques et que des traces ingérées pendant des années peuvent être responsables d'importants problèmes de santé et en particulier de cancers.
Sur le plan bactériologique et viral, aucune recherche spécifique en dehors de la recherche d'une yersinia dans le Château d'Eau, en janvier 1996. Pourtant, il y avait un problème de santé publique catastrophique et l'eau était soupçonnée publiquement, par le médecin de l'île.
Sur la fréquence des analyses, les autorités sanitaires et la SOGEA, ont affirmé que les analyses étaient mensuelles. On voit ci-dessus qu'il s'agit de mensonges. Entre le 2 juin 1995 et le 29 septembre il y a quatre mois sans aucune analyse. Entre le 22 décembre 1995 et le 6 juin 1996, il y a cinq mois et demi, pendant lesquels un seul prélèvement a été fait le 19 avril. Il montrait que l'eau était impropre à la consommation. Au lieu d'interdire la consommation de cette eau, la DDASS a dissimulé ces analyses et a continué à affirmer que les analyses étaient mensuelles et que les résultats étaient parfaits. Notons pour ceux qui ne le savent pas, que la loi impose aux distributeurs d'eau à consommation humaine (il s'agit ici de la SOGEA, filiale de VIVENDI), un contrôle permanent de l'eau et à la DDASS, la surveillance de ces contrôles et des analyses complémentaires indépendantes.
Conclusion : transcrivons ce qu'a écrit le 4 novembre 1996, à propos de ces analyses, le seul expert de l'eau consulté dans cette affaire (par le docteur Manuceau), de renommée internationale, le Professeur Philippe Hartmann, Professeur de Santé Publique à la Faculté de Médecine de Nancy et membre du Réseau National de Santé Publique :
" Quant aux résultats des analyses d'eau effectuées par l'Institut Pasteur, ... ., ils ne sont en rien décisifs puisque les paramètres recherchés sont ceux du contrôle sanitaire de routine?. Tout le monde sait que l'on peut retrouver des pathogènes dans une eau dite conforme aux normes de potabilité ?.On ne peut trouver que ce que l'on recherche et à ma connaissance les analyses effectuées en période critique ne permettent d'écarter aucune hypotèse".