Défense devant le Conseil National
de l'Ordre des Médecins
Docteur Manuceau
Docteur Jérôme MANUCEAU
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Monsieur le Président de l'ORDRE NATIONAL DES MÉDECINS | ||
Pointe - à - Pitre, le 6 octobre 1997 |
O B J E T : Réponse à l'appel de Mme NIEGER
Réf: R97097196-1 Affaire n° 6590
Monsieur le Président,
Madame Lucina NIEGER, Directrice de la DDASS de Guadeloupe a fait appel de la décision de l'Ordre Régional des Médecins des Antilles et de la Guyane du 14 décembre 1996.
Ma défense est construite de la façon suivante:
I - HISTORIQUE
II - RÉPONSE AU MÉMOIRE DE Mme NIEGER
III - LE FOND DU PROBLÈME
IV - CONCLUSION
I - HISTORIQUE
La Désirade est une petite île de 1600 habitants faisant partie de la Guadeloupe (DOM) ; elle est éloignée de celle-ci de 15 km. C'est une île sur laquelle pèse un lourd passé : c'est là qu'étaient isolés, les lépreux. Beaucoup parlent d'île maudite. Les habitants sont principalement des marins pêcheurs modestes, dont la réputation était jusque là d'être robustes, rarement malades. Leur principal problème a toujours été l'eau : depuis toujours, chaque foyer avait une citerne lui permettant de recueillir l'eau de pluie.
› Début 1976 une usine de dessalage de l'eau de mer a été construite. Sa faible production était déversé dans une immense citerne, située à flanc de colline, dont l'architecture permettait aussi de recueillir les eaux de pluie. Cette citerne a été baptisée abusivement par les autorités " Château d'Eau "; mais elle n'en a aucunement les normes légales. A partir du "Château d'Eau", des canalisations amenaient l'eau potable chez les particuliers.
› En septembre 1989, le Cyclone Hugo a dévasté la Guadeloupe et a détruit l'usine de dessalage. Il a été décidé alors de distribuer aux désiradiens l'eau de la Guadeloupe.
› En janvier 1991, une canalisation sous-marine a amené l'eau de Guadeloupe sur la Désirade. A noter que seule la première partie de l'île appelée les Galets, a été alimentée directement par l'eau de Guadeloupe. Le reste de l'île est alimenté par cette même eau, qui séjourne au préalable dans le "Château d'Eau" puis emprunte les vieilles canalisations.
› En septembre 1995, deux cyclones (Luis et Maryline) et l'ancre d'un bateau ont détruit la canalisation sous marine près de la Désirade. Pendant trois semaines les désiradiens ont été privés de l'eau du réseau et ont mis leur citerne individuelle à contribution.
› Fin septembre 1995, dès la réparation de la canalisation sous-marine, avec le rétablissement de la distribution de l'eau, une vague de gastro-entérites apparaît. Elle est immédiatement suivie de la première épidémie de problèmes abdominaux, cutanés et gynéco-urinaires. La DDASS est immédiatement alertée par le Dr Le Cabellec. Le nombre de personnes touchées va augmenter de façon exponentielle, jusqu'à la fin juin 1996. Au cours de cette période les deux tiers de la population sont concernés. A noter que seuls les habitants des Galets sont épargnés par cette épidémie.
Bilan chirurgical de cette première épidémie : 234 appendicectomies, dont 194 opérées par moi-même, soit 80%.
Notons que d' août 94 à août 95, je n'ai opéré, que quatre désiradiens d'appendicite.
› Fin juin 1996, le Docteur LE CABELLEC, demande à tous les désiradiens, de ne plus consommer l'eau du réseau. La conséquence immédiate est un coup d'arrêt de l'épidémie.
› A partir de juillet 1996, les chiffres s'effondrent, mais restent 5 à 10 fois supérieurs à ce qu'ils étaient avant août 1995.
› Le 21 juillet 1996, je me suis rendu pour la première fois à la Désirade, invité par le Dr Le Cabellec que je n'avais jamais rencontré. Je voulais faire sa connaissance, lui apporter mon soutien dans son difficile combat et voir de mes propres yeux le fameux "Château d'Eau", tant décrié. A ma grande surprise, il ne présentait aucune protection et j'ai pu y pénétrer avec le Docteur LE CABELLEC et mon fils. Une température proche de 40°C, nous obligea à en sortir rapidement.
› Fin juillet 1996, Madame Lucina NIEGER Directrice de la DDASS fait venir les Docteurs INFUSO et QUENEL du Réseau National de Santé Public (RNSP), avec lesquels elle était en contact depuis janvier 1996.
Et on assiste à un spectacle extraordinaire : des responsables administratifs, qui n'ont rien fait pour venir au secours d'une population en détresse, menant l'enquête dix mois après le début de la première épidémie et un mois après sa fin. Ils rédigent un rapport baptisé " Rapport d'Investigation ", qu'ils intitulent "Épidémie d'appendicectomies chez les habitants de l'île de la Désirade, Guadeloupe ".La diffamation commence donc dès le titre.
Ce rapport conclut
* il n' y a jamais eu de problème de Santé Publique à la Désirade
* la population a été victime d'une psychose collective
* les responsables de cette psychose sont les Docteurs Le Cabellec et Manuceau.
Ils ne se contentent pas de désigner les coupables en lieu et place de la justice mais ils donnent aussi le "mobile principal du crime" : l'argent.
Ainsi, l'honneur de la DDASS et de sa Directrice sont sauvés.
› Le 1er août 1996, Mme Lucina NIEGER fait porter plainte contre X pour "violences ayant entraîné mutilations et infirmités permanentes".
Cette manoeuvre a permis de mettre sous scellés toutes les preuves gênantes.
› Le 11 août 1996, le Dr LE CABELLEC est victime d'un coup de poignard et échappe miraculeusement à la mort. Avec vigueur, il avait publiquement désigné l'EAU comme responsable de l'épidémie.
› Le 12 août 1996, Mme Lucina NIEGER porte plainte à l'Ordre Régional des Médecins contre le Docteur LE CABELLEC et moi-même pour "pratiques médicales contraires aux règles de bonnes pratiques cliniques et de santé publique".
Ce même jour le "Château d'Eau" est vidangé. Selon le témoignage des désiradiens, c'était la première fois que cela arrivait, depuis sa construction. Le fond était constitué d'environ 1 mètre de boue putride. La face intérieure du mur de l'enceinte était couverte de plusieurs centimètres de dépôts.
› Le 3 décembre 1996, Mme NIEGER a porté plainte pour diffamation, contre moi et l'hebdomadaire Sept Mag qui avait publié ma version des faits.
› Le 14 décembre 1996, le Conseil de discipline de l'Ordre Régional des Médecins, s'est réuni à Fort de France. Pour illustrer sa plainte, Mme NIEGÉR avait adressé le Rapport d'Investigation et un rapport rédigé par ses propres services en novembre 1996, intitulé aussi " Épidémie d'appendicectomies chez les habitants de l'île de la Désirade ". Ses arguments n'ont pas convaincu le Conseil de Discipline, qui a déboutée Mme Lucina NIEGER.
› En février 1997, la publication par les médias de cette décision aura un effet désastreux sur l'opinion publique guadeloupéenne qui jusque là avait cru aux propos diffamatoires de Mme NIEGER.
› Le 9 avril 1997, elle a fait appel de la décision de l'Ordre Régional. Parallèlement, elle a mené une campagne de presse extraordinaire pour discréditer la décision de l'Ordre Régional et convaincre la population à consommer "l'eau suspecte". La conséquence a été quasi -immédiate: une nouvelle épidémie.
› En avril 1997, a débuté la deuxième épidémie, après que certains désiradiens se soient remis à boire l'eau du réseau. Précisons que cette fois, le Docteur LE CABELLEC n'était pas sur l'île. Il avait un successeur depuis le 28 décembre 1996.
› En juin 1997, cette épidémie s'est arrêtée aussi brutalement que la première, après que les médias aient à nouveau mis en garde les désiradiens contre l'eau.
En conclusion :
Chacune des épidémies est liée à la consommation de l'eau du réseau les victimes sont toujours les mêmes : les DÉSIRADIENS
Je me suis installé en Guadeloupe en août 1991, reprenant la clientèle du Docteur WEYLAND qui partait à la retraite et que j'avais remplacé tous les étés pendant sept ans. Le Docteur WEYLAND étant le correspondant chirurgical du médecin de la Désirade. Dès mon installation, j'ai eu à m'occuper des désiradiens.
Aussi, lorsque le Docteur LE CABELLEC est venu s'installer à la Désirade le 1er juillet 1995, prenant la suite du Docteur DUPONT, il m'a tout naturellement adressé ses patients. De ce fait et bien malgré moi, je me suis trouvé mêlé à une histoire kafkaïenne.
II - RÉPONSE AU MÉMOIRE DE Mme NIEGER
› Mme NIEGER fait un usage particulier des médecins sous ses ordres. J'avais été très surpris jusque là de constater, que tous les rapports médicaux de la DDASS, étaient signés par elle-même, le nom du médecin responsable et auteur du texte ne figurant que dans l'entête, à la rubrique, "Affaire suivie par".
› Mme NIEGER ne se contente pas de signer cet appel, mais elle se charge personnellement de cette affaire. Et même si des noms de médecins apparaissent dans ce texte, c'est elle et elle seule qui explique ce qu'est, par exemple, un syndrome appendiculaire, discute l'indication opératoire et surtout, critique les décisions du Conseil de Discipline de l'Ordre Régional des Médecins . Pourtant elle n'est pas médecin et nous verrons tout le long de cet exposé, qu'elle ne comprend pas grand chose à ce qu'elle écrit. Il est humiliant, pour nous, d'avoir à nous justifier, face à des critiques incohérentes dont le seul but est de dissimuler sa responsabilité et sa légèreté, face au fléau de la Désirade.
Dans le dossier qu'elle vous envoie le 9 avril 97, je découvre avec stupéfaction, parmi les documents qu'elle vous adresse, quatorze dossiers de patients dont les noms n'ont pas été masqués. Elle viole ainsi délibérément le secret médical.
Depuis quand un administrateur de santé, fut-il directeur d'une DDASS, a-t-iI ce droit ?
› L'article L 177, qu'elle invoque, pour justifier son attitude, fait partie avec l'article L.176 du
CHAPITRE V. - DU CONTRÔLE DE CERTAINS ÉTABLISSEMENTS
Section 1 - Établissements d'hospitalisation recevant des femmes enceintes
Mme NIEGER nous prend t-elle pour des illettrés ? Vous voyez dès le début avec quelle désinvolture, elle traite les problèmes. Nous retrouverons cette façon de faire tout le long de ce mémoire.
› Quatre vingt de mes dossiers ont été confiés le 20 juin 1996 au Docteur De LACROIX, médecin inspecteur de la DDASS qui venait d'être nommée responsable de cette affaire. Elle remplaçait le Docteur Véronique MAZILLE, qui s'était contentée d'accuser le Docteur LE CABELLEC et moi-même de compérage. Après une longue discussion avec le Docteur De LACROIX, j'avais compris qu'elle cherchait sincèrement la vérité et j'avais accepté de collaborer avec elle. Je l'invitais à venir interroger et examiner tous mes patients (à cette époque, il y en avait 20 par semaine) et à assister aux interventions faites sous coelioscopie. Ainsi ma collaboration lui fut acquise, non pas à cause des menaces que m'avait faites Mme NIEGER se référant déjà à l'article L. 177, mais à cause de la sincérité du Docteur DE LACROIX.
› Le Docteur DE LACROIX avait officiellement pour mission de s'entourer d'un Conseil Scientifique. Elle s'est immédiatement mise au travail. Elle a contacté les personnalités scientifiques et médicales qui devaient faire partie du Conseil Scientifique, elle a fait faire 15 prélèvements d'eau et est allée à la Désirade inspecter le "Château d'Eau". Cela en était trop pour Madame NIEGER. Elle a très vite compris qu'elle ne pourrait manipuler ni le Docteur De LACROIX, ni le Conseil Scientifique. Elle lui ordonna alors de tout arrêter, en attendant que les Docteurs INFUSO et QUENEL du RNSP, acquis à ses thèses, viennent prendre la relève. Ils avaient été en rapport avec le Docteur MAZILLE depuis janvier 96 et avaient mis au point avec elle, la version de la terreur que nous reverrons plus loin, dès le mois de mars 96. Le Docteur De LACROIX cité depuis comme co-auteur des rapports du RNSP et de la DDASS, n'a pas signé ces documents manipulés par Madame NIEGER.
Prenons le Mémoire de Madame NIEGER et discutons le, paragraphe par paragraphe :
Paragraphe I - RAPPEL DES FAITS
› Dès les premières lignes, Mme NIEGER fait la démonstration de son style, où les affirmations diffamatoires remplacent tout raisonnement scientifique. Ainsi elle affirme "Le Dr Le Cabellec ... a adressé systématiquement ses patients qui souffraient de douleurs abdominales pour appendicite au chirurgien Dr Manuceau qui a pratiqué des appendicectomies sur 14 % de la population"
› En une seule phrase, elle énonce trois contre-vérités :
- Toutes les douleurs abdominales ont été considérées comme des appendicites,
- Tous les patients m'ont été adressés
- J'ai opéré, à moi tout seul 14% de la population.
› En fait les deux tiers de la population ont souffert de douleurs abdominales. En tant que correspondant chirurgical j'ai reçu 80% des patients suspects d'appendicite. 40 désiradiens ont été opérés, au cours de la première crise, par d'autres chirurgiens que moi.
"Devant l'ampleur du phénomène, la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales entreprend différentes enquêtes" :
Alinéa 1 -
› Un contrôle de la cantine scolaire le 20 janvier 1996, sans qu'aucun prélèvement ne soit pratiqué. A quoi pouvait servir un contrôle aussi vague et superficiel ?
Alinéa 2 -
› Une recherche de yersinia par coprocultures et examens parasitologiques des selles. C'est faux. En fait, c'est moi qui ai recherché une yersinia par la mise en culture des pointes des appendices, en janvier et février 1996. Après une trentaine d'examens négatifs, j'ai abandonné cette piste pour faire des examens systématiques des selles. Si Mme NIEGER peut prouver ce qu'elle affirme, qu'elle le fasse avec des documents.
› En conclusion, aucune recherche étiologique sérieuse n'a été entreprise par la DDASS d'octobre 1995 à juin 1996, soit neuf mois de crise.
› Les quatre alinéas suivants sont exclusivement orientés pour démontrer la thèse de Madame NIEGER : la culpabilité des Docteurs LE CABELLEC et MANUCEAU.
En effet, ayant décidé que l'eau ne devait en aucun cas être mise en cause, il ne lui restait que cette solution. Ainsi dans la note adressée à Monsieur le Préfet par la DDASS le 09 avril 1996 (page 42 et 43 du Rapport d'Investigation), on lit
"Le réseau national de santé publique demande que soit confirmé la réalité des appendicites et non pas des appendicectomies (relecture des lames d'anatomo-pathologies, autre chirurgien).
Deux hypothèses se dégagent..
- problèmes infectieux...
- installation d'une " terreur"... (un seul interlocuteur médical et chirurgical,...
Ils posent le problème à l'envers : au lieu de s'intéresser à l'épidémie, dont les deux tiers de la population ont souffert (douleurs abdominales, problèmes cutanés et gynéco-urinaires y compris chez les fillettes), ils ne se sont intéressés qu'aux cas les plus graves qui ont abouti à une appendicectomie. Ce faisant, ils ont écarté une troisième hypothèse qui reste à explorer : un problème toxique d'origine hydrique.
De toute façon, comme ils n'ont fait aucune recherche étiologique, il ne leur restait qu'à prouver l'installation d'une "terreur", c'est-à-dire, d'une psychose collective. Mais lorsqu'on sait qu'au cours des quatre premiers mois, ce sont les enfants, parfois très jeunes qui ont été touchés presque exclusivement, on est étonné. Ou alors il s'agit d'une première mondiale : une psychose collective ne touchant que des enfants ! Précisons aussi que par la suite cette psychose a touché les deux tiers de la population et a duré neuf mois. Ce paradoxe ne les gêne pas et à partir de mars 1996, ils vont s'appliquer à démontrer cette effarante psychose. Ainsi on comprend mieux les points qui suivent :
Alinéa 3 -
› Le 04 avril 1996 le Docteur Véronique MAZILLE se rend sur l'île, pour exiger du Docteur LE CABELLEC de ne plus m'envoyer ses patients, mais de les adresser au Professeur STROBEL, dirigeant le service de dermatologie et maladies infectieuses (en faite spécialiste du SIDA). Précisons bien qu'il ne s'agissait pas d'une aide à une recherche étiologique mais d'une prise en charge de patients chirurgicaux par quelqu'un qui n'a ni la compétence, ni la fonction. Devant le caractère injurieux de cette démarche, le Docteur LE CABELLEC refuse et arrête là sa collaboration avec la DDASS. Le Docteur MAZILLE ne parle pas de cet épisode dans la pièce n°7 de la DDASS. Elle se contente d'évoquer sa recherche de Bilharzie, recherche absurde, la Désirade étant une île sans eau.
Alinéa 4 -
› Le chiffre de 120 dossiers annoncé par Mme NIEGER est faux comme tous les chiffres qu'elle avance. Il s'agit en fait des 80 dossiers que j'ai confiés, le 20 juin 1996 au Dr De Lacroix comme l'a confirmé cette dernière dans sa lettre. Cela s'est passé neuf mois après le début de la crise. Comme vous le constatez, Mme NIEGER n'était pas pressée de venir en aide aux désiradiens. Ces dossiers seront utilisés par les deux médecins du RNSP, qui n'ont aucune compétence chirurgicale, ni même aucune pratique médicale, pour diffamer et dire que je suis un chirurgien dangereux pour mes patients. De plus, ils ont mis au point un questionnaire et feront interroger une soixantaine de patients déjà opérés. Ils croyaient pouvoir démontrer ainsi, sans examen clinique, une contradiction avec le syndrome appendiculaire. Précisons que le personnel qui a interrogé les patients, était un personnel non médical.
Alinéa 5 -
› A propos des 53 lames d'histologie relues par le Professeur Nicole BROUSSE, le Rapport d'Investigations affirme page 3...
"l'expertise anatomo-pathologique ...ne confirme le diagnostic d'appendicite aiguë que dans un cas.."
Ainsi les auteurs laissent croire que 52 lames montrent des appendices normaux et pour qu'on ne puisse pas les contredire, Madame NIEGER garde le rapport au secret, comme le prouve la lettre du
Pr BROUSSE du 4 septembre 1996, au Dr GIRODROUX (histologiste Guadeloupéen). Je cite :
"...j'ai adressé le rapport à la DDASS. Je leur ai demandé (hier encore) de vous transmettre les informations..."
› Le Dr GIRODROUX n'a jamais rien reçu. Et elle n'a jamais été inquiétée pour avoir signé 52 histologies soit disant de complaisance sur 53. Vous venez d'obtenir, à ma demande, une partie de ce rapport le tableau récapitulatif. Le Conseil Régional de l'Ordre n'a pas eu cette chance malgré sa demande explicite. A la lecture de ce tableau, je constate avec stupéfaction qu'aucun appendice n'est qualifié de normal. Lorsque l'on sait qu'en matière d'appendicite il y a une dissociation anatomo-clinique, on comprend qu'il s'agit là, d'une manipulation exemplaire de l'information.
Mme NIEGER, nous propose maintenant une autre expertise des 53 lames. Cela est étonnant car à l'Ordre Régional elle avait affirmé que cela était impossible. De toute façon, je n'en vois plus l'utilité puisque nous savons actuellement que le Pr BROUSSE n'a trouvé aucun appendice normal.
› Ne pouvant pas faire expertiser la totalité des lames de la période du 1er août 1995 au 31 juillet 1996, puisqu'elles sont sous scellés, j'ai demandé au Docteur Jean TEXIER (histologiste Parisien), de relire les 28 lames d'appendicectomies datant, du 1er août 1996 au 31 juillet 1997. Il ne trouve pas de contradiction flagrante avec le Docteur GIRODROUX. Ce résultat est doublement gênant pour Madame NIEGER. Il contredit ce qu'elle a toujours affirmé "après la publication du Rapport d'Investigation, il n'y a eu aucune appendicectomie sur la Désirade " et il réhabilite l'honneur du Docteur GIRODROUX. Rappelons qu'avant ces événements dramatiques, je n'avais opéré, en 1 an, que 4 appendicites. Après la première crise (oct. 95 - juin 96), il en a persisté sept fois plus.
Alinéa 6 -
Il s'agit de la mission des Docteurs INFUSO et QUENEL du RNSP, du 22 juillet 1996 au 3 août 1996. Ils ont passé plus de temps en Guadeloupe qu'à la Désirade où ils ne sont restés que deux jours et se sont contentés d'interroger quelques familles. Mais ils ont oublié de rapporter :
› Que certains désiradiens sont venus leur montrer des vers sortant de leurs robinets. Trois d'entre eux ont été envoyés en identification.
› Que le fameux " Château d'Eau" est hors normes :
- aucune protection,
- aucun entretien,
- recueil les eaux de pluie.
› Que le Maire de la Désirade est, en toute illégalité, le responsable de la SOGEA (filiale de la Compagnie Générale des Eaux) sur l'île. Ainsi c'est lui qui fixe le prix de l'eau et qui signe la concession à la SOGEA. Que son frère est le responsable de la distribution de l'eau, que sa soeur est la secrétaire et surtout que sa femme était l'unique agent de la DDASS de l'île chargée des prélèvements de l'eau, pour les analyses, jusqu'en octobre 1996 (page 16 du rapport de la DDASS).
› Que le Directeur des Affaires Internationales de la Compagnie Générale des Eaux, n'est autre que Monsieur Jean-Louis DIEFENBACHER, frère du Préfet de la Guadeloupe, en poste pendant ces événements.
Savoir cela, permet de mieux comprendre l'attitude des uns et des autres.
› Que l'explication de l'épidémie des douleurs abdominales qu'ils donnent dans le Rapport d'Investigation, est surprenante : "... soit les habitudes alimentaires soit... une consommation fréquente d'antibiotiques".
Comme les désiradiens n'ont pas changé leurs habitudes alimentaires brutalement le 1er octobre 1995, il ne reste plus que l'hypothèse des antibiotiques. Je ne savais pas que les antibiotiques pouvaient donner des douleurs persistantes et isolées de la FID, sans aucun trouble du transit.
› Qu'ils ont oublié de parler des 40 désiradiens opérés par d'autres chirurgiens que moi. Ce chiffre est déjà 10 fois plus élevé qu'en temps normal.
› Qu'ils ont oublié aussi les histologies faites par le Docteur TRIVAL (histologiste Guadeloupéen), qui vont dans le même sens que celles du Docteur GIRODROUX. Mme NIEGER vous en a envoyé quatre ; je vous en adresse sept de plus
› Qu'ils ont complètement ignoré les pathologies autres qu'appendiculaire. Pourtant, les deux tiers de la population en a souffert, a consulté et s'est fait traiter.
› Que les chiffres qu'ils donnent sur la répartition géographique des patients opérés sont délibérément faux (j'ai procuré au Conseil Régional de l'Ordre et au SRPJ la liste de tous les patients et leur adresse). Ils prétendent en particulier qu'aux Galets il y a eu 5 opérés d'appendicite. Pour ma part, j'en ai opéré 4 et tous les 4, pour des raisons professionnelles et scolaires buvaient dans la journée l'eau du Château d'Eau.
› Que la méthodologie épidémiologique utilisée est en contradiction complète avec les principes de base des Statistiques (lettre du Professeur NOIRCLERC).
› Quant aux analyses d'eau (Rapport d'Investigation, annexe 7), les épidémiologistes ne se sont intéressés, qu'aux analyses bactériologiques d'octobre, novembre et décembre 1995, ainsi qu'aux analyses chimiques d'août 1996 faites à Paris. Ils n'ont pas été gênés par l'absence totale d'analyses en temps de crise, (de janvier à juin 1996), comme le disent le règlement et la loi. Cela leur évite de nous commenter les analyses du 19 avril 1996, qui concluent à une EAU BACTERIOLOGIQUEMENT ET CHIMIQUEMENT NON POTABLE
Tous ces faits sont vérifiables.
Paragraphe Il - MOYENS ÉVOQUÉS DEVANT LE C. R. O. M.
Art 6 :
› La réponse de l'Ordre Régional est très claire et j'ai donné les chiffres précis ci-dessus (80% des patients ont été opérés par moi et non la totalité comme le déclare Madame NIEGER), il ne faut pas oublier que la Désirade, avec ses 1600 habitants, est un gros village et que tout se sait. Même après le départ du Docteur LE CABELLEC le 11 août 1996 et malgré tous les efforts déployés par la DDASS, la Préfecture, le Maire, pour me discréditer et malgré la présence d'un nouveau médecin qui ne m'adresse pas ses patients, la majorité des désiradiens vient toujours se faire opérer par moi.
Ce qu'avait proposé le Docteur MAZILLE, comme nous l'avons vu à l'alinéa 3, ce n'est pas une aide pour une recherche étiologique mais un détournement des patients vers le service du Professeur STROBEL, "chargé de mettre à jour" une pratique médicale condamnable.
Art 8 et 40: › Mme NIEGER, reprend à son compte la position des Docteurs INFUSO et QUENEL sur l'attitude à avoir devant une appendicite. Venant de personnes n'ayant aucune qualification chirurgicale, cela est grotesque. Ils ne savent pas que c'est principalement l'examen de l'abdomen du malade qui permet de poser l'indication opératoire et cela, même si les examens paracliniques sont strictement normaux.
› Pour que les choses soient plus claires, j'ai demandé à plusieurs chirurgiens incontestables de me mettre par écrit leurs sentiments sur le diagnostic de l'appendicite (voir les témoignages des médecins). Je précise qu'ils furent tous très étonnés d'avoir à écrire des évidences et scandalisés du comportement de la DDASS et du RNSP dans cette affaire.
› Mme NIEGER affirme que l'exérèse d'un appendice sain n'est pas sans conséquences. Ainsi elle m'accuse d'avoir opéré des appendices sains. C'est une diffamation de plus. Cela dit, la seule question que l'on puisse se poser est la suivante : faut-il opérer les douleurs isolées et persistantes de la FID ?
Il s'agit d'un débat de spécialistes de la chirurgie digestive, dans lequel Mme Nieger n'a pas sa place et le Professeur STROBEL non plus.
› Pour souligner la complexité d'un tel débat, rappelons que tout retard dans le diagnostic d'une appendicite peut-être dramatique. Il est inadmissible que de nos jours des patients meurent de péritonite appendiculaire. Pourtant, nous continuons à le voir, alors qu'une coelioscopie faite par un expert, est très peu agressive. A titre d'exemple, je joins le dossier d'un jeune de 18 ans qui a faillit mourir parce que Monsieur le Professeur STROBEL a diagnostiqué une maladie de Gilbert, sans demander l'avis d'un chirurgien. Ce jeune gardera toute sa vie une cicatrice médiane et la morbidité d'une intervention colique majeure de plus de trois heures. Tout le monde peut se tromper, mais une telle erreur prend une signification particulière, lorsqu'on connaît le rôle que le Professeur STROBEL a accepté de jouer dans cette affaire. De même, ses déclarations publiques sur lesquelles nous reviendrons, soulèvent beaucoup d'interrogations.
› Tous les mots des écrits de Madame NIEGER sont calculés afin de déformer la réalité et aboutir à ce qu'elle veut démontrer. Ainsi la précision qu'elle donne sur la technique opératoire employée n'est pas innocente: "Ces appendicectomies furent toutes pratiquées sous endoscopie". Tout d'abord, cette affirmation est fausse puisque je n'opère les enfants sous coelioscopie qu'à partir de 10 ans. Ensuite, elle essaie de vous suggérer une accusation diffamatoire de sa part que m'ont rapporté les journalistes et les Renseignements Généraux. : j'aurais profité des désiradiens pour m'entraîner à la chirurgie coelioscopique."
› Je tiens à préciser qu'au moment où ce problème s'est posé, il y avait déjà 3 ans que je pratiquais la coeliochirurgie presque exclusivement et que j'étais à plus de 2000 coelioscopies. Le fait que sur les 160 coelioscopies que j'ai pratiquées dans cette affaire, il n'y ait eu aucune conversion, aucune complication et que la moyenne des hospitalisations a été de 48 heures en post-opératoire, prouve bien la maîtrise que j'avais déjà de cette technique.
› Une autre affirmation diffamatoire, concerne les patients adressés pour "phimosis ". Aucun n'a été opéré d'appendicite. Par contre, quand un enfant est opéré d'appendicite, s'il présente un phimosis, les deux interventions sont effectuées avec l'accord des parents. Mme NIEGER est-elle habilitée à soulever un tel problème ? En ce qui concerne "les hernies " opérées sous coelioscopie, Mme Nieger qui semble si férue de chirurgie ignore qu'il est interdit de poser une plaque prothétique en présence d'un appendice pathologique à cause du risque infectieux. C'est pour cela que l'on traite dans un premier temps l'appendice pathologique et dans un deuxième temps la hernie.
Quant à la citation de mes propos, il ne s'agit pas d'un enregistrement. Ce sont des notes que les Docteurs INFUSO et QUENEL ont prises le 24 juillet 1996, lors de leur passage à mon cabinet. J'ai effectivement prononcé plusieurs de ces phrases. Mais le sens qu'ils leurs ont données est diamétralement opposé à ce que j'ai dit. C'est un procédé méprisable et diffamatoire, qu'ils ont utilisé sans scrupule.
› Ainsi, après avoir diffamé en accusant de compérage le Dr LE CABELLEC et moi-même, voici une autre diffamation : ils m'accusent d'avoir pris les Guadeloupéens en général et les désiradiens en particulier pour cobayes dans une expérimentation. Chercher à comprendre un phénomène que je rencontre dans ma pratique est à leurs yeux, hautement suspect. Mais au fait, suspect de quoi ? Visiblement, une attitude scientifique devant les problèmes leur est totalement étrangère.
Art 13 et 20 :
› Mme NIEGER trouve normal que sous sa direction les Docteurs MAZILLE, INFUSO, QUENEL et à sa demande les Professeurs BROUSSE et STROBEL, directement ou indirectement nous diffament depuis avril 96, le Dr LE CABELLEC et moi-même. Elle trouve normal que le 30 juillet 96 le Préfet demande aux désiradiens, par un communiqué publié dans tous les médias, de ne plus venir à la Clinique où j'opère, mais d'aller au CHU . C'est une diffamation publique par des autorités qui abusent de leur pouvoir, pour nuire.
› Les conséquences directes furent, qu'en août et septembre 96, mon cabinet était vide et le 11 août, le Docteur LE CABELLEC était poignardé. A cette époque, les médecins de Guadeloupe me considéraient comme un criminel. Je ne pouvais pas sortir sans être désigné du doigt, et sans entendre des ricanements dans mon dos. Mes enfants étaient agressés verbalement par leurs camarades de classe.
Mme NIEGER est par contre scandalisée lorsque le 5 septembre 1996 un journal publie ma version des faits.
Art 32 et 33 :
› Mme NIEGER fait semblant d'oublier que la crise s'est arrêtée brutalement fin juin 1996, trois semaines avant l'arrivée des deux épidémiologistes, le 22 juillet 1996. Et ceci parce que le Docteur LE CABELLEC avait donné aux désiradiens la consigne de ne plus boire l'eau du réseau. C'était la preuve la plus éclatante de la responsabilité de l'eau.
› En ce qui concerne le Professeur STROBEL, un ami très proche du Docteur Véronique MAZILLE (responsable de cette affaire jusqu'en juin 1996), il l'a soutenu sans connaître le dossier, sans jamais avoir examiné un seul de mes patients et surtout en ayant aucune compétence chirurgicale. Il a prétendu à la télévision locale (RFO), qu'il n'y a jamais eu d'appendicite à la Désirade. Visiblement, il a oublié son devoir déontologique et la rigueur intellectuelle que doit avoir tout scientifique.
› En ce qui concerne le cas de l'enfant qui a été récusé par un chirurgien du CHU, et renvoyé chez lui avec un diagnostic de rhume, il s'agit de l'enfant B. qui a été opéré quelques jours après d'appendicite par un confrère. J'ai vu cet enfant quelques mois plus tard à cause de la persistance des douleurs abdominales droites. Une échographie et un scanner ont montré qu'il s'agissait d'une maladie de la jonction du bassinet droit.
Art 35 :
› Mes patients sont avisés par une affiche dans la salle d'attente, que la sérologie VIH est effectuée systématiquement, sauf refus explicite. En outre, je les informe personnellement, pour avoir leur accord.
Je ne vois pas le rapport entre ce problème et celui de la Désirade, si ce n'est une intention diffamatoire de plus.
Paragraphe III - LA CRITIQUE DES ARGUMENTS DÉVELOPPÉS PAR L'ORDRE RÉGIONAL POUR MA RELAXE.
A1 :
› Comment Mme NIEGER ose-t-elle mettre en doute ma conscience professionnelle ? Elle feint d'imaginer que j'acceptais aveuglément le diagnostic du Docteur Le CABELLEC, alors que nos examens cliniques concordaient et aboutissaient au même diagnostic : celui d'appendicite.
A2 :
› En effet, je suis d'accord avec Mme NIEGER : tous les opérés qui ont continué à boire l'eau du robinet, ont présenté des douleurs abdominales diffuses (et non plus localisées dans la FID), tout comme les appendicectomisés de longue date.
A3 :
› De nouveau Mme NIEGER conteste la compétence des Médecins du Conseil Régional de l'Ordre. Ces derniers savent sûrement mieux qu'elle ce que signifie la dissociation anatomo-clinique en matière d'appendicite. Je ne sais pas dans quelle littérature médicale, elle est allée chercher sa définition ; ce n'est pas celle que lisent les chirurgiens.
Qu'un administratif non médecin, vienne faire la leçon à des médecins, sur des problèmes médicaux, est proprement scandaleux.
III- LE PROBLÈME DE FOND
Les problèmes de santé des désiradiens ont commencé fin septembre 1995. Dès le début octobre 1995, le Docteur LE CABELLEC alerte la DDASS. Les médias s'en font l'écho dès le 11 octobre (France Antilles). Aucune réaction de la DDASS aucune initiative, aucune réponse aux appels "au secours" de plus en plus pressants et désespérés de la population et de leur médecin. Comme nous l'avons vu plus haut,
aucune recherche étiologique n'a été entreprise par la DDASS
Dés le début, un principe de base va dicter la conduite de Madame NIEGER : IL NE FAUT PAS PARLER DE L'EAU. Pourtant c'est l'eau qui est mise sur la sellette depuis le début, à cause de sa couleur (marron), de son odeur (putride), des vers qui sortent des robinets et de la vague de gastro- entérites de fin septembre 1995.
Madame Lucina NIEGER vient de vous montrer comment elle s'est servie de ses prérogatives pour manipuler et falsifier l'information :
1- Les communiqués du 6 juin 1996 de la DDASS et de la Préfecture concernant l'eau de La Désirade, informent que "Les analyses d'eau du réseau sont normales".
Celui du 30 juillet 1996 publié par la Préfecture, confirme que "S'agissant de l'eau, outre les prélèvements mensuels, la DDASS... Il ressort clairement des résultats des analyses..., que la qualité de l'eau fournie par le réseau est irréprochable..."
En conclusion, les communiqués de la Préfecture affirment que les analyses sont mensuelles et que leurs résultats sont parfaits.
2- Par contre lorsque vous demandez à Mme NIEGER les analyses d'eau effectuées entre le 1er janvier 1996 et le début juin 1996, elle ne vous envoie qu'une, l'analyse physico-chimique du Bourg de Désirade du 19 avril 1996, dont la conclusion est : EAU NON POTABLE.
Je vous joins la totalité des analyses du 19 avril 1996, que j'ai pu obtenir par ailleurs et que visiblement elle n'avait pas envie de vous montrer. Elles sont éloquentes et l'Institut Pasteur conclut cinq fois sur six à une EAU NON POTABLE.
Où sont donc passées les autres analyses ?
De tels mensonges sur la fréquence des analyses et la qualité de leurs résultats sont étonnants dans les documents officiels d'une Directrice de la DDASS.
Pourtant la responsabilité de l'eau est évidente:
D'une part les faits parlent d'eux-mêmes
› La crise a commencé fin septembre 1995 par une vague de gastro-entérites, au moment où l'eau a été rétablie après une coupure de trois semaines.
› La crise s'est arrêtée fin Juin 1996, lorsque le Docteur LE CABELLEC a réussi à convaincre les désiradiens de ne plus boire l'eau du réseau.
› La dissociation géographique de l'épidémie ; les Galets ont été épargnés car ils sont reliés directement à la Guadeloupe. Tous les autres quartiers ont été touchés. Ils dépendent tous du "Château d'Eau".
› L'épidémie a repris pour la deuxième fois, à un an d'intervalle, en avril 1997, lorsque certains Désiradiens abusés par les autorités, se sont remis à boire l'eau du réseau. En effet après l'annonce de la décision du Conseil de l'Ordre Régional en février 1997, une campagne sans précédent s'en est suivie. La DDASS, le nouveau Préfet Mr FEDINI, le Directeur du RSNP le Pr DRUCKER, un expert du Ministère de la Santé le Pr CHAM BON et les Ministres Mr GAYMARD et Mr DE PERETTI, ont tout fait pour discréditer la décision de l'Ordre Régional des Médecins en déclarant "qu'il n'y a jamais eu de problème de Santé Publique sur l'île de la Désirade et que la qualité de l'eau distribuée a toujours été parfaite".
› Cette deuxième épidémie s'est arrêtée en juin, après que les médias aient de nouveau mis en garde les désiradiens contre l'eau et que la population se soit arrêtée à nouveau, de la boire. C'est la deuxième preuve incontestable de la responsabilité de l'eau.
Ainsi, en l'espace de deux mois, j'ai dû hospitaliser 40 désiradiens pour douleurs abdominales, 25 ont été opérés dont 16 d'appendicite.
Y a-t-il eu une deuxième psychose à un an d'intervalle, alors que le médecin actuel de l'île, collabore avec la DDASS?
Mme NIEGER a essayé de faire saisir mes nouveaux dossiers, une fois de plus. Devant mon refus catégorique, c'est Mr le Préfet, Jean FEDINI qui a essayé de m'intimider avec l'article L. 177 déjà cité.
En effet, cette deuxième épidémie tombait très mal car elle venait confirmer la responsabilité de l'eau et l'irresponsabilité de Mme NIEGER.
D'autre part l'opinion de deux Scientifiques
› Le Professeur Philippe HARTEMANN, Professeur de Santé Publique à la Faculté de Médecine de Nancy et membre du RNSP, m'écrivait le 04 Novembre 1996 :
"Quant au résultat des analyses d'eau.... ils ne sont en rien décisifs puisque les paramètres recherchés sont ceux du contrôle sanitaire de routine. Celui -ci repose sur la recherche de microorganismes indicateurs et non sur celle de pathogènes. Tout le monde sait que l'on peut retrouver des pathogènes dans une eau dite conforme aux normes de potabilité... On ne peut trouver que ce que l'on recherche et à ma connaissance les analyses effectuées en période "critique" ne permettent d'écarter aucune hypothèse. Rappelons à titre d'exemple l'épidémie du MILLWAUKEE d'origine hydrique à Cryptosporidium, aux USA en 1993 avec 400 000 cas et une eau conforme aux normes de potabilité."
Mme NIEGER vous adresse un article de presse qui parle de cette lettre sans se rendre compte que le Professeur Ph. HARTEMANN y est très critique à son égard et à celui du RNSP (France Antilles du 18 février 97).
› Le Professeur Robert NÈGRE, dans son livre:
L 'ALIMENTATION RlSQUE MAJEUR
Écologie Systémique Édition Ellipse.
Page 89: "La très grande majorité des eaux domestiques est désinfectée au chlore. Celui -ci, en détruisant les matières organiques indésirables engendre du trichiorométhane cancérigène, comme l'ont démontré les multiples études.... une telle eau chlorée n'est pas plus potable qu'avant d'avoir été traitée. De bactériologiquement inconsommable, elle est devenue biochimiquement nocive"
Je donne cette citation, car la seule réponse de la SOGEA, à la présence de streptocoques fécaux, est la chloration. Évidemment, rechercher la cause de cette présence serait trop coûteuse, pour la compagnie.
› Le comportement des Responsables Sanitaires dans cette affaire est curieux. Tout se passe comme s'il n'y avait qu'une seule priorité : servir les intérêts de la SOGEA et donc ceux de la Compagnie Générale des Eaux. Et cela au détriment de la santé des désiradiens.
› Ainsi, Dr LE CABELLEC a reçu pendant plusieurs mois des menaces de mort anonymes et a été victime de deux sabotages de sa voiture. Cependant, les gendarmes ne lui ont jamais procuré de protection.
Le 11 août 1996 il a été victime d'une tentative de meurtre: "il s'agissait d'un coup de poignard dont la lame de 40 cm a pénétré dans la région cardiaque, a traversé le thorax, le diaphragme, le colon, la rate, et est ressorti de 5 cm dans la région lombaire gauche."
L'enquête des gendarmes conclut en quelques jours, à une "tentative de suicide destinée à donner une publicité supplémentaire à son combat".
Évidemment, aucune expertise n'a été demandée. C'est le Dr LE CABELLEC lui-même, qui a consulté le médecin légiste du Morbihan. Ce dernier conclut "L'analyse médico-légale de la blessure.... tend à prouver que celle-ci est la conséquence de l'action d'un tiers. "
› Le 1er août 1996 le procureur de la République dépose plainte contre X pour "Violences ayant entraînées mutilations et infirmités permanentes"
Cette plainte a permis de mettre sous scellés, la totalité des documents concernant cette affaire. Plus tard, quand tout sera calmé, nous aurons droit à un non lieu.
› Le 3 décembre 1996 Madame NIEGER porte plainte contre moi et l'hebdomadaire Sept Mag, qui a publié mon article où j'affirmais (Sept Mag du 5 septembre 96) :
"En ce qui me concerne, jamais je n'abandonnerai les désiradiens même si la bataille semble perdue d'avance contre une administration puissante comme la DDASS, aveugle, incompétente et menteuse, complice des intérêts privés de la SOGEA et tout cela couvert par un Préfet plus soucieux d'éviter des remous que de mettre à jour un scandale dont est victime une population simple et sans défense."
La plainte a été déclarée irrecevable, parce que Madame NIEGER a "oublié" de verser 5000 Fr au Tribunal. Ainsi, on m'a enlevé l'occasion de démontrer publiquement que mes affirmations n'étaient pas une diffamation, mais bien la vérité.
IV - CONCLUSION
› Pendant les six premiers mois de la crise, non seulement le Dr LE CABELLEC faisait des rapports hebdomadaires à la DDASS, mais il implorait son aide pour trouver la cause du fléau et faire cesser la souffrance d'une population démunie. Mme Lucina NIEGER a trahi sa mission : elle a sacrifié la santé des désiradiens dont elle a la charge, pour sauver les intérêts privés de la SOGEA et de la CGE. Elle a utilisé toute la puissance de son administration pour empêcher toute recherche étiologique. Elle a mis toute son énergie pour nous empêcher d'assister cette population déshéritée et isolée.
› Elle n'a pas hésité à nous diffamer en nous accusant
"- de compérage, de désinvolture, d'expérimentation sur la population,
- de terroriser la population et susciter une psychose,
- de prise en charge inappropriée, de filière médico-chirurgicale unique,
- de n'avoir pas apprécié les risques encourus par les patients, de faire des diagnostics erronés des opérations inutiles,
- d'attitude contraire aux règles de la déontologie,
- de pratiques contraires à l'intérêt du patient
- d'attitude mettant en cause : la confraternité, la santé de la population, les bonnes pratiques médicales."
› Elle n'a pas hésité à interpréter les lois en fonction de ses besoins et cela elle le fait faire de préférence par un tiers ainsi :
- l'article L 177 lui permet de me faire menacer par le Préfet et de justifier l'extraordinaire viol du secret médical qu'elle s'autorise.
- le décret modifié du 3/01/89/Directive CEE du 15107/80 : ce décret est très clair et ne se prête à aucune interprétation. Pourtant, elle fait dire au Préfet le 21/02/97, que le pH supérieur à 9 est acceptable et à Mr CARLETON ingénieur d'Étude Sanitaire (document n°4 de la DDASS) que la présence des streptocoques fécaux dans l'eau n'est pas gênante.
› De nombreux médecins Guadeloupéens ont été mêlés à cette affaire (histologistes, anesthésistes, chirurgiens). Ils n'ont jamais été inquiètes. Ce qui nous est reproché, au Dr LE CABELLEC et à moi-même, c'est d'avoir refusé de nous taire. Dés le départ, nous avions demandé qu'une enquête soit menée par l'inspection Générale et le Comité d'Éthique. Nous avons été éconduits avec ironie par le Ministre Hervé GAYMARD.
› Rappelons ce que disait Albert EINSTEIN il y a cinquante ans :
"Ce monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui savent et qui se taisent ".
› Pour finir, j'aimerai rendre hommage à deux médecins, qui nous ont montré avec force que le Sermon d'Hippocrate a un sens pour eux:
- le Docteur Lucette DE LACROIX pour son courage et son honnêteté intellectuelle. Elle a compris tout de suite la portée de ces événements. Après avoir essayé de résoudre le problème désiradiens avec intelligence et rigueur, elle a refusé de signer un rapport monté de toute pièce pour sauver la DDASS et la SOGEA.
- le Docteur Louis-Marie LE CABELLEC. Pendant la période la plus dramatique qu'il a vécu à la Désirade, (début août 1996), alors qu'il savait que sa vie était en danger, non seulement il n'a pas fui, mais il m'a fait promettre de ne pas abandonner les désiradiens, s'il venait à disparaître.
Je n'oublierai jamais, la leçon de dévouement et de courage qu'il nous a donné.
› Le problème de la Désirade est toujours d'actualité. L'eau fait toujours des victimes, principalement chez les enfants et les plus démunis. J'appréhende l'avenir, craignant qu'elle nous révèle une pathologie beaucoup plus grave que celle des appendicites. Allons nous vivre un nouveau scandale du type "sang contaminé", "amiante " ou " vache folle "?
Au nom de cette population déshéritée et frappée par un grave fléau, votre prise de position pourrait être le départ d'une enquête objective et incontournable pour donner une solution définitive au problème.
Nous vous faisons entièrement confiance.
Recevez, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.
Jérôme MANUCEAU