Versions des faits par les Désiradiens
ASSOCIATION SOS-SANTÉ-DÉSIRADE,
Route du Calvaire, 97127 DÉSIRADE
Pour mieux comprendre la catastrophe sanitaire qui frappe les habitants de cette petite île, dépendance de la Guadeloupe département français des Antilles, nous vous invitons à découvrir la DÉSIRADE : c'est une petite île de 24 km2 située à 9 km au Nord-Est de la pointe des Châteaux, séparée par un canal du même nom. Sa population est de 1610 habitants. Administrativement elle est une commune et également un canton. Sa principale ressource est la pêche. Le climat est sec et aride.
Nous vous invitons à prendre connaissance de ce drame sanitaire sans précédent. Il est relaté par les victimes, regroupées au sein de l'Association SOS-Santé-Désirade.
I - Rapport des faits sans commentaires
› A partir de septembre 1995, de nombreux enfants sont pris de douleurs abdominales aiguës. Jusqu'à décembre 1995, plusieurs dizaines ont été hospitalisés dans différents établissements hospitaliers de la Guadeloupe, dont une trentaine ont été opérés, d'appendicite pour la plupart.
› Les mois de janvier et février 1996 furent un peu plus calmes que les précédents. Malheureusement cela n'allait plus durer car de mai à juillet 1996, toutes les classes d'âge furent touchées : enfants, adultes et personnes âgées des deux sexes. Le nombre d'opérés entre septembre 1995 et juillet 1996, était de 230, dont 70 pour le seul mois de juin.
› En juillet 1996, le nombre des opérés a diminué considérablement : moins de 10. La raison est que le seul médecin de l'île, le Dr Louis Marie LE CABELLEC avait conseillé de ne plus boire l'eau du réseau et de ne consommer que de l'eau minérale. Les rumeurs faisaient état de vers recueillis aux robinets de plusieurs maisons de l'île et les problèmes cutanés avaient quelque peu diminué, bien que le taux des appendicites et autres troubles digestifs soit resté très au-dessus de la moyenne nationale.
› Nous pensons que l'eau du réseau est l'unique responsable de ce drame sanitaire, pour plusieurs raisons :
- Le Dr LE CABELLEC qui dénonçait avec insistance la mauvaise qualité de l'eau, a été victime d'une tentative d'assassinat le 11 août 1996 ;
- Les désiradiens qui n'ont jamais utilisé l'eau du réseau n'ont eu aucun problème de santé ;
- Suite au communiqué préfectoral de mars 1997, conseillant aux désiradiens de proscrire l'eau minérale et de consommer l'eau du réseau "sa qualité étant irréprochable", entre avril et juin 1997 de nombreuses personnes tombent à nouveau malade ; 40 furent encore opérés. Cette deuxième crise s'est arrêtée quand l'association SOS-Santé-Désirade et les médecins ont dénoncé une fois de plus, la responsabilité de l'eau.
› En ce mois de février 1999 la majorité de la population souffre de troubles divers, mal définis. L' Association SOS-Santé-Désirade a été créée en juin 1996 par les victimes, devant le refus des autorités sanitaires politico-administratives de nous venir en aide, malgré nos différentes requêtes. Leur seule réponse a été que nous avons été victimes d'une psychose collective et qu'il y a eu compérage entre les médecins, les Drs LE CABELLEC et MANUCEAU.
II - Rapport des faits avec commentaires
› En septembre 1995 , de nombreux enfants de la Désirade sont victimes de douleurs abdominales aiguës. Au mois de décembre, soit 4 mois après le début de la crise, la DDASS conclut que ce n'est pas alarmant, sans autres informations. Alors que plus de 30 enfants ont déjà été opérés.
› En mars 1996, certains habitants récupèrent des vers sortant de leurs robinets. Trois exemplaires ont été identifiés à Lyon. La DDASS intervient pour la première fois officiellement pour dire (France-Antilles du 5 mars 1996), que la qualité de l'eau fournie par le réseau est irréprochable et qu'il s'agit d'une psychose collective.
› En octobre 1996, nous avons demandé à cette administration copie des analyses des échantillons d'eau prélevés sur le réseau de distribution publique de la Désirade. On nous a fait parvenir une analyse datant du 19 avril 1996 avec pour conclusion : EAU NON POTABLE. Quelques unes en août et octobre 1996 avaient également le même type de conclusion.
› Quant à la périodicité de ces analyses, on peut aussi se poser des questions. La Préfecture disait dans son communiqué du 30 juillet 1996, qu'elles étaient mensuelles. Si c'était le cas, où sont ces analyses ? Quelles sont leurs conclusions ?
Depuis le début de ce drame, le Dr LE CABELLEC n'a jamais cessé de demander de l'aide aux autorités sanitaires, sans jamais rien voir venir. Il a été victime d'une tentative d'assassinat. Quelques jours après, l'affaire était classée, car la gendarmerie avait conclu à une tentative d'autolyse (voir le compte rendu du médecin légiste).
Constat
Plus de 3 ans après le début du drame, plus de 350 désiradiens ont été opérés, la majorité de la population souffre de troubles divers, certains décès demeurent inexpliqués. Depuis mai 1996 nous n'avons cessé d'interpeller les pouvoirs publics et politiques y compris différents ministres du précédent gouvernement sans réponse positive.
Le 24 juin 1998, nous avons été reçus au Ministère de l'Outre-Mer. Nous avons remis un dossier complet sur cette affaire au Conseiller du Ministre. A l'issue de cette entrevue, nous avons confirmé par courrier notre demande au Ministre, de faire diligence auprès de M. KOUCHNER pour l'envoi à la Désirade d'une commission d'enquête afin d'évaluer les dégâts corporels, d'expertiser la qualité de l'eau et la conformité des canalisations. Depuis aucune réponse, malgré un rappel de courrier.
Quelques faits marquants
› Février 1991 : mise en service d'une canalisation sous-marine, transportant l'eau "potable", de la Guadeloupe Continentale à la Désirade, soit une distance de 14 km.
› Octobre 1991 : le maire Max MATHURIN est assassiné sur l'unique route départementale de l'île. Son ou ses assassins courent toujours et pourtant l'affaire est classée.
› Septembre 1995 : rupture de la canalisation sous-marine, suite aux passages des cyclones Luis et Marilyne. Apparition de vers aux robinets des désiradiens. Début du drame sanitaire. Il semblerait que le Château d'Eau qui alimente la majeure partie de l'île n'aurait jamais été nettoyé depuis sa construction en 1975. A l'époque ce réservoir servait de relais à une usine de dessalement d'eau de mer.
› Août 1996 : Le Dr Louis-Marie LE CABELLEC qui se battait pour faire reconnaître le problème de santé de la DÉSIRADE et la responsabilité de l'eau, fut poignardé. La gendarmerie, en moins d'une semaine concluait à une tentative de suicide. Le médecin légiste est d'avis contraire. De septembre 1995 à juillet 1996, plus de 230 habitants et quelques visiteurs ont été opérés.
› Février 1999 : 350 cas d'opérations et toujours aucun secours des autorités, ni sur le plan local, ni sur le plan national. Nouvelle rupture de la canalisation sous-marine : cette fois ci, il n'y a pas de cyclone. Plusieurs cas de gastro-entérites signalés.
Conclusion
Dans cette triste affaire où nous sommes totalement abandonnés et ignorés par les autorités, nous sommes probablement victimes d'un vaste réseau de mercantilisme autour de l'eau.
Nous sommes en grand danger.
A part la vérité, nos moyens pour défendre nos droits sont quasiment nuls. Nous demandons de l'aide à toutes et à tous, scientifiques, humanistes, politiques, hommes de loi et de bonne volonté.
Merci de votre soutien qui est pour nous vital.