Qu'est-ce qu'une appendicite aiguë ?
Par Dr J. Manuceau
L'objectif ici, est d'expliquer simplement le vocabulaire médical utilisé dans ce site et de donner les principales caractéristiques d'une appendicite. Cela permettra aux lecteurs de comprendre pourquoi le Rapport d'Investigation du Réseau National de Santé Publique (RNSP), sous des apparences pseudo scientifiques, est en fait absurde sur le plan médical. Ce rapport démontre, l'ignorance totale de ses auteurs, en matière d'appendicite aiguë.
› L'appendice, est un petit fragment intestinal vestigial, de trois à huit centimètres de long, qui s'abouche dans le cæcum, partie initiale du gros intestin (ou côlon droit).
Sa localisation la plus fréquente est la Fosse Iliaque Droite, c'est-à-dire, le flan droit de l'abdomen. Mais toutes les variations anatomiques sont possibles.
Sa vascularisation est précaire contrairement au reste de l'intestin. Cela explique sa fragilité et son impossibilité de "guérir", dés qu'il est "malade".
Son rôle physiologique précis est inconnu : il participerait aux défenses immunitaires. Mais certains pensent que c'est un organe néfaste pour la santé qui doit être enlevé systématiquement (Docteur Georges POURTALET "Le corps a ses raisons que la médecine ignore." Édition du Dauphin, 1992).
› L'appendicite, est l'inflammation de l'appendice. C'est la maladie de l'appendice qui peut prendre des formes très diverses et qui évolue toujours, vers sa destruction totale, avec suppuration : la péritonite. Cette dernière tue toujours, sans traitement chirurgical associé à une antibiothérapie massive.
› L'appendicectomie, est l'acte chirurgical qui consiste à enlever l'appendice, qu'il soit malade ou sain. Actuellement il y a en France, 500.000 appendicectomies par an. La mortalité est d'environ 1 pour mille. Ainsi, l'appendicite aiguë, tue encore de nos jours.
Le titre du Rapport d'Investigation est : "Épidémie d'appendicectomies chez les habitants de l'île de la Désirade, Guadeloupe". On voit que dans le titre même, ce rapport constitue une diffamation, car il sous-entend que les appendices enlevés étaient sains.
› Les signes cliniques sont les signes que découvre le médecin, par l'interrogatoire et l'examen du patient. Les signes cliniques de l'appendicite, sont très variables. Un seul est constant : la douleur abdominale. Le cas typique décrit dans les livres, est exceptionnellement retrouvé dans la pratique.
Henri MONDOR, l'un des fondateurs de la chirurgie moderne, écrivait : On devrait apprendre à dire "les appendicites" et non pas "l'appendicite" ; car c'est pour cette lésion, mieux que pour toute autre, que convient la formule : il n'y a pas une maladie, mais des malades. S'attendre à un tableau toujours semblable à lui-même et s'en tenir à un schéma clinique, c'est se condamner à être souvent aveugle... celui qui en resterait à la description de la "crise aiguë" typique n'aurait rien appris des innombrables pièges de la maladie la plus déroutante qui soit.
Les enquêteurs du RNSP, ont remarqué que les signes cliniques que présentaient les désiradiens opérés d'appendicite, ne correspondaient pas à ceux du cas typique décrit dans les livres. Ils en déduisirent qu'il ne s'agissait pas d'appendicites aiguës. Visiblement Henri Mondor ne fait pas partie de leurs lectures.
L'élément le plus important du diagnostique de l'appendicite, est l'examen du patient. Cela a été attesté par des chirurgiens incontestables. C'est un élément qui manquait aux enquêteurs du RNSP. Cela ne les a pas empêchés pourtant, de déduire des conclusions savantes.
› Les signes para cliniques, sont l'ensemble des examens de laboratoire, les radios, les échographies. Il n'y a aucun examen para clinique (y compris l'analyse du sang) qui soit spécifique de l'appendicite. Les enquêteurs du RNSP, l'ignorent visiblement.
› L'évolution de toute appendicite se fait toujours vers la PÉRITONITE. Donnons à nouveau la parole à Henri MONDOR : La crise aiguë est d'avenir imprévisible : les plus instruits ont été souvent trompés et les abstentionnistes ont perdu plus de malades que les opérateurs du premier jour : c'est un fait certain.
Il ajoute plus loin : C'est sous les traits symptomatiques les plus effacés que le bon clinicien s'appliquera à reconnaître la menace péritonéale.
Et encore : Si l'appendicite chronique était moins ignorée, moins méconnue, moins souvent niée avec une légèreté qui se grime de fausse science, bien des péritonites appendiculaires seraient évitées.
› L'histologie (on dit aussi ANATOMOPATHOLOGIE), est l'examen de l'appendice, après l'intervention chirurgicale. C'est le seul élément objectif dont on dispose. La caractéristique principale du résultat histologique est, qu'il n'y a "aucun parallélisme" entre l'importance des lésions histologiques et la gravité des signes cliniques. Ainsi, des signes cliniques mineurs peuvent correspondre à une atteinte histologique gravissime et inversement.
Dans le cas des désiradiens, tous les appendices ont été envoyés en histologie. Tous présentaient des lésions, sauf un.
› Les causes de l'appendicite, sont totalement inconnues.
Conclusion :
› Le cas typique décrit dans les livres, est rare. Le chirurgien ne dispose, pour son diagnostic d'aucun élément objectif. Il ne peut se fier qu'à l'examen clinique du patient et à son expérience. Son angoisse permanente devant un ventre douloureux, est de méconnaître une appendicite atypique ; car dans ce cas il met la vie du patient en danger, en l'exposant à la péritonite. L'histologie, viendra à posteriori, confirmer ou infirmer son diagnostique. Il est admis qu'un tiers des appendices enlevés en France sont sain.
› Que penser, du Rapport d'Investigation, où deux médecins bureaucrates, ignorants, irresponsables et ne disposant pas de l'élément capital qu'est l'examen clinique, se permettent d'affirmer :
L'ensemble des données épidémiologiques, cliniques, biologiques et anatomopathologiques permet d'écarter l'hypothèse d'une épidémie d'appendicites aiguës.
Pour arriver à cette conclusion, ils ont comparé les signes biologiques et les signes cliniques recueillis par l'interrogatoire, avec ceux du cas typique. De plus, ils font semblant de ne pas savoir, que des atteintes histologiques mineures sont parfaitement compatibles avec des signes cliniques appendiculaires graves.